Nas – Stillmatic

Comme je l’ai déjà dit, je n’aime pas commenter des classiques. A quoi bon chroniquer un album qui représente à lui seul une définition du Hip Hop ? J’en profite pour vous dire ici que la chronique d’Illmatic ne viendra pas tout de suite…

La couverture de ce cinquième album reflète parfaitement son contenu : fini les têtes de pharaon et le bling bling outrancier, Nas revient à la rue avec cet arrière plan gris – bleu brûme.
Et ça démarre sur une magnifique prod (déjà) dans l’air du temps tout en gardant ce côté old school. « Blood of a slave, heart of a king » : la couleur est annoncée. Du sang, de la souffrance, du cœur, de la lutte et de l’égotrip. Ether et Got urself a gun se chargent de remplir ces deux derniers termes.
  Nas, comme Jay-Z, ont décidé de se proclamer King of New York. Nas remet les pendules à l’heure avec ces deux classiques du rap new yorkais. Petite anecdote : je ne suis pas un très grand fan de ces deux morceaux. Cependant, regardez ce que ça donne en concert et vous comprendrez aussitôt pourquoi je parle de classiques. Petits résumés des crachats lyriques jetés au faciès de Jay-Z :

I am the truest, name a rapper that I ain’t influenced […]
Eminem murdered you on your own shit
You a dick-riding faggot, you love the attention
Queens niggas run you niggas, ask Russell Simmons
Shawn Carter to Jay-Z, damn you on Jaz dick
So little shorty’s getting gunned up and clapped quick
How much of Biggie’s rhymes is gonna come out your fat lips?
Wanted to be on every last one of my classics
You pop shit, apologize, nigga, just ask Kiss

 

Le ton redescend avec Smokin’. Non fumeur, les morceaux s’inscrivant en porte à faux de la loi Evin ne me transportent pas vraiment. Mais avec cette instru sentant bon l’arrivée au château de Bowser je ne peux que suivre.

You’re da man… Probablement ce que je dirais à Nasty Nas si un jour je le rencontre. Est-ce le meilleur morceau de l’album ? Pour moi oui. Le genre de titre qu’on écoute pas en boucle mais qui nous envoie une émotion certaine à chaque écoute. Très bons couplets, frappés chirurgicalement sur l’instru par le MC : Cinq étoiles. Rewind, moins mélancolique, porte l’auditeur avec la même aisance qu’a eu Nas et son producteur sur le titre précédent. Vient le temps de se poser un peu. Have a break. Ou plutôt break your neck avec One Mic. Là encore, l’un des plus beaux morceaux que Nas n’ait jamais enregistré. La rue, les flingues, les cops, et le micro comme refuge.

 

Le vrai break arrive avec 2nd childhood qui vient quelque peu apaiser l’atmosphère sans pour autant nous endormir, rassurez vous ça n’arrive pas dans un classique. Ce n’était que pour mieux nous préparer au Destroy and rebuild dans lequel Nas règle ses comptes avec ses ex-partenaires du Queensbridge. On se dit que Cormega et les Mobb Deep n’ont pas dû chaleureusement apprécié le rappel à l’ordre.

The flyest pourrait ressembler à la petite transition sur laquelle nos tympans peuvent s’étirer avant de se remettre à vibrer. A vrai dire, les miens ralentissent la cadence mais gardent du rythme, surtout sur le deuxième couplet. Braveheart a été retiré de la tracklist. Et tant mieux. Elle est très bien mais je n’ai pas envie de danser en écoutant Stillmatic. Un mal pour un très grand bien.

L’album se poursuit avec des morceaux plus mélodiques, plus harmonieux ; de ceux que l’on écoute rarement en boucle. Un peu comme l’Homme. Il est souvent dit de lui qu’il n’est grand que lorsque sa femme l’est tout autant. Les pistes 11 à 14 suivent ce schéma (Rule, My country, What goes around, Every ghetto) : chacune n’est d’autant plus remarquable que celle qui la précède et lui succède l’embellissent.

Conclusion : pour les plus anciens, Illmatic reste Le classique de Nas et je ne peux que les comprendre. Mais sept ans après, à un moment où Nas Escobar jouait sa carrière dans ce double duel, face à Jay-Z d’une part, mais aussi face à lui-même au vu de ses projets de plus en plus décriés, il a su retrouver les oreilles et le cœur de tous ses fans. A minima, ce Stillmatic est un album – référence, un immanquable dans l’Histoire du Hip Hop, dans le plus pur style du Queensbridge. Ce n’est pas pour rien qu’il reçut 5 mics par The Source magazine dès sa sortie et qu’encore aujourd’hui, un tiers de ses titres est joué en concert.

Note : 17/20

Top 5 :
You’re da man
One mic
My country
Got urself a gun
Every ghetto
What goes around

L’ours blanc

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